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L’autre Edmonton : adresses incontournables connues seulement des gens de la place

Par Eamon McGrath

Temps de lecture: 6 minutes

Il y a dans chaque ville des endroits bourrés de touristes et faciles à trouver. Pour réellement connaître une ville, il faut travailler un peu plus fort – ou avoir l’aide d’une personne du coin! Edmonton déborde d’attractions incroyables, comme la Rogers Place et l’Assemblée législative de l’Alberta, mais il y a aussi des joyaux cachés dans ses quartiers animés qui vous feront voir la ville sous un nouveau jour. Voici quatre classiques d’Edmonton peu connus en raison de leur emplacement isolé ou de leur faible présence sur les réseaux sociaux. Occupant une place spéciale dans le cœur des habitants, qui en parlent avec autant de loyauté que d’admiration, ils contribuent mine de rien à forger la vraie identité de la ville.

RALPH’S HANDI MART

Ralph’s Handi Mart. Crédit: Eamon McGrath

Caché dans un coin du quartier Bonnie Doon, dans l’est de la ville, se trouve le dépanneur sans prétention Ralph’s Handi Mart*. Au premier coup d’œil, on dirait un dépanneur ordinaire où on se rend simplement pour acheter un bon vieux litre de lait ou un sac de chips. Mais il s’agit en fait du repère secret de plusieurs Edmontoniens : ils viennent y chercher ce qu’ils appellent le meilleur poulet frit en ville. Haut la main!

« On ne s’occupe pas des réseaux sociaux, dit Wally Saleh, copropriétaire du dépanneur avec son beau-frère Sammy. Les seules fois où on nous en parle, c’est quand quelqu’un a lu les avis à notre sujet sur Google, qui sont excessivement bons. »

C’est le père de Wally, Hussain, qui a acheté le dépanneur en 1986. Selon ce que m’explique sarcastiquement son fils au téléphone durant un après-midi très occupé (j’entends pas mal de bruit autour de lui), Hussain « était trop radin pour changer l’enseigne, mais il a quand même amélioré la recette du poulet. Et on n’y a pas touché depuis. »

Puisque le Ralph’s Handi Mart est avant tout un comptoir, les clients mangent généralement leur poulet à l’extérieur l’été, au pittoresque terrain de baseball adjacent à l’école publique Gabrielle-Roy, de l’autre côté de la rue.

THE GRIZZLAR

The Grizzlar. Crédit: Ryan Mick

Au milieu de nulle part au centre-ville, il y a The Grizzlar*, le café et torréfacteur le plus clandestin d’Edmonton, qui fait aussi office de galerie d’art, de scène de spectacle et d’entreprise sociopolitique – le tout piloté par le dynamique couple formé par Susie et Drew McIntosh.

« On est à la frontière nord du centre-ville, juste après l’Université MacEwan, entre la 104e et la 107e avenue, là où il n’y a littéralement rien », explique Drew.

Il n’exagère pas. Entre un terrain vague, un magasin d’alcool et des édifices « à l’abandon depuis toujours », The Grizzlar est installé dans un quartier « qui avait vraiment besoin de quelque chose », précise-t-il.

La place joue  avec plaisir le rôle «  d’entreprise sociale ». Drew explique : « C’est impossible de servir du café sans discuter avec les gens, sans apprendre à connaître les clients. Selon moi, ce lien est aussi la base de l’art. On ne se contente pas de mettre de la peinture sur une toile ou d’écrire des paroles; on s’exprime, et on veut comprendre les idées et la perspective des autres aussi. »

DALLAS PIZZA

Dallas Pizza. Crédit: Eamon McGrath

Une imposante gravure sur bois représentant la conquête de la coupe Stanley par les Oilers d’Edmonton en 1990 est accrochée au mur de Dallas Pizza* dans l’est de la ville. Cette pizzeria du quartier Forest Heights est loin des foules et de toute option de transport en commun; on y voit à peine les lumières du centre-ville qui brillent au loin. Depuis 1980, dans cet incontournable du quartier, on reste fidèles aux gens du coin et aux recettes originales concoctées il y a plus de quarante ans.

« Le restaurant était pour lui une grande source de fierté, se souvient l’actuelle propriétaire Anastasia Deligianis au sujet de son père Dennis, qui a ouvert le restaurant. Selon elle, à cette époque les gens valorisaient les liens humains authentiques entre commerçants et clients. Ces liens n’ont pas été oubliés, pas plus que la coupe Stanley de 1990 : « Les gens me parlent encore de mon père. Ils me disent que lorsqu’ils venaient manger ici, il allait s’asseoir pour jaser avec eux. Je ne parle pas seulement d’une ou deux personnes : ils sont nombreux à me dire ça. »

Au Dallas Pizza, on sert la fantastique pizza profonde à croûte épaisse. Et pas de style Chicago ou New-York, mais plutôt un heureux mélange des deux, une fusion des traditionnelles garnitures chargées de fromage du Midwest et de la côte Est. Pour les clients qui aiment le plein air, la proximité avec la vallée fluviale d’Edmonton, à un pâté de maisons au nord, est un gros avantage : ils ont ainsi accès à plus de 160 kilomètres de sentiers le long de la rivière Saskatchewan Nord.

COIN DE LA 104TH STREET ET DE L’AVENUE JASPER

Tzin Wine and Tapas. Crédit: Eamon McGrath

À côté de la station Bay du train léger au centre-ville se cache une petite rue méconnue, au coin de la 104th Street et de l’avenue Jasper. Aux premiers abords, les façades de briques rouges sembleraient plus à leur place dans des quartiers montréalais comme le Plateau ou le Mile-End. Éclipsée par l’agitation de mi-journée des professionnels travaillant sur l’avenue Jasper, cette partie de la 104th Street, qui s’étend sur environ 200 mètres, est un peu comme une halte ou un refuge accueillant.

Avec son lot de cafés et de restaurants, comme le Tzin*, dont les vins et les tapas sont parmi les meilleurs de la ville, cette intersection est l’une des oasis les plus paisibles du centre-ville, au beau milieu des tours imposantes. En été, la rue est magnifique, couverte par la canopée des arbres qui la bordent et illuminée par le soleil des longs jours du Nord de l’Alberta qui s’infiltre entre les édifices.

Les trésors les plus brillants d’Edmonton sont peut-être cachés, mais ils n’en sont pas moins extraordinaires. On ressent d’ailleurs un vif plaisir à faire ces découvertes dans l’une des villes les plus vivantes et stimulantes du pays, et on profite d’autant plus de ses attraits uniques!


Images d’en-tête: The Grizzlar. Crédit: Ryan Mick

*Sites en anglais seulement

 
 
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