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Vers Baie-Saint-Paul à bord du Train de Charlevoix

Par Valerie Howes

Temps de lecture: 7 minutes

Une gare au pied de chutes plus hautes que celles du Niagara ne peut que promettre un trajet spectaculaire. Et comme de fait, le trajet de deux heures et quart à bord du Train de Charlevoix, en fonction de juin à octobre, ne déçoit pas. Je monte à bord au Parc de la Chute-Montmorency, à une quinzaine de minutes de la ville de Québec, et me cale dans mon siège sur le bord d’une fenêtre donnant sur le fleuve Saint-Laurent. Le paysage, tantôt falaises, tantôt fermes bucoliques, rend le voyage aussi mémorable – et relaxant – que les deux jours qui m’attendent à Baie-Saint-Paul, dans la région québécoise de Charlevoix.

Le Train de Charlevoix suit les tournants et les courbes d’une ancienne route de bûcherons.

Le train à deux voitures , qui initialement parcourait le réseau de banlieue de Berlin, a été remis à neuf au Canada et emmène maintenant les passagers sur l’un des plus beaux parcours ferroviaires au monde*. Le petit train serpente à travers le paysage escarpé, entre poulains mordillant des trèfles dans les pâturages, vergers en fleurs et maisons colorées au toit aussi à pic qu’une pente de ski. Des enfants, entre deux éclaboussures dans la piscine familiale, envoient de grands « bonjour » d’une main mouillée et reluisante aux passagers qui préparent leurs caméras à l’approche de la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré. Puis nous nous engouffrons dans le tunnel Cap-Rouge, laissant derrière nous les clochers blancs étincelant au soleil.

Hôtel & Spa Le Germain Charlevoix

Le Train de Charlevoix me laisse littéralement au pas de la porte de mon hôtel, à Baie-Saint-Paul. L’Hôtel & Spa Le Germain Charlevoix se dresse sur l’emplacement occupé auparavant par l’une des plus grandes fermes en bois du Canada. Et si son architecture est moderne, elle fait écho au rythme paisible et aux activités de jadis.

Une option des plus relaxantes de l’Hôtel Le Germain Charlevoix est sa piscine d’eau salée chauffée. Après une saucette, les invités profitent des hammacs et des chaises longues, entourés de jardins, de montagnes et de champs.

La literie arbore la bonne étoile de Charlevoix, brodée par des artisans locaux, sans parler des herbes médicinales et des fleurs qui bordent les bassins chauds et froids du spa nordique. On entend même meuglements, bêlements et gloussements qui s’élèvent des champs, granges et poulaillers environnants. Mais rien ne me met autant de bonne humeur que la vue depuis ma fenêtre quand j’ouvre les yeux le matin : des bovins Highland et des lamas. Rien, mis à part le granola maison, la compote fruitée et le yogourt crémeux du buffet déjeuner.

Sur mon vélo emprunté à la réception de l’hôtel, j’observe les oiseaux et les papillons dans les paisibles jardins français avant d’emprunter l’allée d’arbres qui me mènera au bord de l’eau.

Sur les terres de l’Hôtel le Germain Charlevoix, des sentiers mènent au bord du fleuve Saint-Laurent.

Le soir, je me repais aux Labours, l’un des deux restaurants de l’hôtel, qui donne une touche internationale aux produits de la côte Est. Huîtres charnues du Nouveau-Brunswick et kimchi agrémentés d’un crémeux Chardonnay québécois, suivis d’oursins et de pétoncles avec leur délicat accompagnement de concombres et tomates rehaussés par du gingembre sauvage.

Les chefs au restaurant Les Labours créent leurs mets à partir de produits locaux, de légumes biologiques, d’herbes et de fleurs comestibles cultivés à la ferme, et d’ingrédients sauvages des bois environnants.

Puis une tendre pièce de bœuf avec du kale croustillant et des pommes de terre douces et crémeuses, le tout garni d’Hercule de Charlevoix fondu, fromage de style alpin fait de lait non pasteurisé provenant de vaches Jersey. Plus tard en soirée, le hall se remplit des chansons entraînantes d’un duo de compositeurs-interprètes qui parlent de la vie et de l’histoire de vieux amants. Une charmante note finale à une journée merveilleusement reposante.

Baie-Saint-Paul et l’appel à la promenade

Le lendemain, je me rends à Baie-Saint-Paul à vélo (tout juste cinq minutes) pour flâner dans les magasins d’antiquités, les galeries d’art et les boutiques. La ville est réputée pour attirer les artistes et artisans à la recherche d’une vie tranquille propice à la création. Des banderoles sont déployées au-dessus des rues principales, bordées de façades colorées qu’orne une abondance de boîtes à fleurs. La Brocante à Perron est un magasin d’antiquités dont les différentes salles débordent de tout ce qu’il y a de plus kitsch : disques d’Elvis, épinglettes du Carnaval de Québec, tapisseries aux motifs de chiens de traîneaux et équipements de hockey d’époque. (Il y a même à profusion de ces têtes de poupées de porcelaine qui donnent la chair de poule!)

Charlevoix Pure Laine a été fondée en 2010 pour revivifier l’artisanat dans la région et réduire le gaspillage, car la laine des moutons de Charlevoix n’avait plus été ramassée, filée et utilisée depuis des années.

Chez Charlevoix Pure laine, je trouve les chaussettes, mitaines et pantoufles feutrées les plus confortables qui soient, toutes faites de laine 100 % québécoise. Fait intéressant: Le propriétaire de Charlevoix Pure Laine travaille aussi à temps partiel sur le Train de Charlevoix, indiquant aux passagers les attraits de la route. Quant à la boutique Twist, elle propose les créations uniques de plus d’une centaine de designers et artisans québécois et canadiens, des fabuleux linges à vaisselle aux motifs de poutine et d’érable à la vaisselle arborant ratons laveurs espiègles et petits suisses.

Bonne chère à savourer

En après-midi, je m’arrête à la Cidrerie et Vergers Pednault, où je goûte le cidre de poire pétillant et le cidre de glace (un nectar de dessert mielleux avec un bel équilibre aigre-doux). La salle de dégustation et la boutique offrent plus de 20 sortes de cidre, mais aussi une belle quantité d’autres délices locaux. J’achète du miel, des œufs de caille marinés et un pot Mason de cassoulet de canard – ragoût traditionnel québécois de canard et fèves – pour rapporter chez moi.

Des ingrédients locaux frais et une terrasse au bord de l’eau forment une combinaison parfaite au Mouton Noir.

Je soupe au Mouton Noir, bistro de style européen habillé de lierre avec terrasse donnant sur la rivière. L’onglet de bœuf que je commande s’accompagne de choux de Bruxelles croustillants, d’un gratin de légumes et d’une riche réduction. Après une journée à gloutonner, je n’ai plus faim pour le dessert, mais un regard sur la crème brûlée à l’érable et le plateau de fromages du Québec de mes voisins de table me convainc de revenir lors d’un prochain séjour.

Parce que prochain séjour il y aura! Alors que je remonte à bord du train le jour suivant, m’émerveillant devant l’arc-en-ciel qui se déploie au-dessus du Saint-Laurent quand la pluie se calme, je me dis qu’il y a bien longtemps que je n’ai pas été aussi zen. Le trajet en train dans un décor aussi spectaculaire et la découverte de la région elle-même m’ont rappelé qu’il faut parfois prendre le temps de s’arrêter pour profiter des plaisirs de la vie.

***

Escales à Québec

Pour une journée complète dans Charlevoix, passez la nuit à Québec, puis prenez le train du matin et revenez en début de soirée. Pour ma part, la nuitée avant de me rendre à Charlevoix, j’ai logé au Fairmont Le Château Frontenac, où j’ai été particulièrement impressionnéE par les œuvres d’art faites de morceaux de l’ancien toit de cuivre centenaire. À mon retour, j’ai posé mes valises à l’Hôtel Le Germain Québec. L’édifice séculaire élégamment restauré est à proximité des excellents restaurants du Vieux-Port. J’ai choisi le Bistro L’Orygine, dont la chef, Sabrina Lemay, utilise exclusivement des produits biologiques, des poissons issus de sources responsables et des ingrédients sauvages du Nord.

*Article en anglais seulement.

Photos par Valerie Howes

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